APPRENDS-MOI SEIGNEUR,
à bien user du temps que Tu me donnes pour travailler et à bien l’employer sans rien en perdre.
Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge.
Apprends-moi à prévoir le dessin sans me tourmenter, à imaginer l’oeuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.
Apprends -moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix.
GARDE EN MOI L’ESPERANCE DE LA PERFECTION sans quoi je me perdrais d’orgueil.
Purifie mon regard : quand je dessine mal, il n’est pas sûr que ce soit mal et quand je dessine bien, il n’est pas sûr que ce soit bien.
Seigneur ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain sauf là où il y a travail, et que tout travail est vide sauf là où il y a amour et tout amour est creux qui ne me lie à moi-mêmes et aux autres.
AIDE-MOI AU DEPART DE MON DESSIN là où je suis la plus faible.
Aide-moi au coeur du labeur à tenir serré le fil de l’attention, et surtout comble Toi-même les vides de mon oeuvre.
Seigneur, dans toutes oeuvres de mes mains laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour parler à moi-même.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-MOI A PRIER avec mes mains, mes bras et toutes mes forces.
Rappelle-moi que l’ouvrage de mes mains t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en te l’offrant.
Que si je le fais par goût du profit comme un fruit oublié je pourrirai à l’Automne.
Que si je le fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe je fanerai le soir.
Mais si je le fais pour l’amour du bien, je demeurerai dans le bien.
Et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite!
Amen!
Prière des copistes et enlumineurs du haut Moyen-Age.
Splendeur monastique du VIIe au XIIe siècle.